Exposition “Détournements”
Politisation des objets du quotidien
Du cintre des féministes en lutte pour le droit à l’avortement au gilet jaune brandi du mouvement social éponyme, les objets du quotidien prennent régulièrement le devant de la scène politique. Sortis de leurs tiroirs et de leurs placards pour regagner la rue, ils subissent une mutation spectaculaire. Tout à coup, alors qu’ils n’avaient qu’une vocation purement utilitaire, ils prennent l’envergure de symboles forts incarnant les luttes de celles et ceux qui s’en emparent. Qu’ils soient brandis publiquement pour interpeller la classe politique et les médias, ou qu’ils opèrent de manière plus implicite et discrète, ces objets constituent un point d’entrée riche pour explorer les enjeux politiques qui se déploient dans notre quotidien. On envisage ici le « politique » au sens large : les objets ici présentés illustrent, de manières diverses, les relations sociales et les rapports de pouvoir qui traversent les vies ordinaires – rapports de genre, de classe, ou de race, questions de représentation politique ou engagements idéologiques divers.
Quand ?
du 22 janvier au 30 mars 2025
Où ?
Terrasse couverte
En histoire, l’approche que l’on a appelée le « tournant matériel » a permis de prêter une plus grande attention aux objets du quotidien. Cette exposition, issue d’un séminaire mené au laboratoire InVisu (CNRS) et à l’Institut National d’Histoire de l’Art en 2023-2024, met en avant les travaux de chercheuses et chercheurs pour « faire parler » ces objets et mettre en lumière leurs vies multiples, en montrant comment, au gré de leur histoire, ils ont été investis d’une (ou plusieurs) dimension(s) politique(s). Mais cette histoire matérielle est aussi une enquête de terrain : outre le contexte historique, les témoignages de celles et ceux qui ont fabriqué, utilisé et recyclé ces objets apportent un éclairage essentiel pour en comprendre la portée.
Autour de ces objets, ce sont en effet les gestes et les pratiques individuels et collectifs qui font le sens politique, et qui transforment les objets quotidiens en objets politiques – pour imiter le langage juridique, on pourrait dire que, comme pour les armes, ces derniers deviennent politiques « par destination ». On constate que les détournements sont multiples et pluridirectionnels : on voit des objets tirés de leur environnement domestique ou intime pour être érigés en symboles de lutte, mais aussi des objets créés à partir du détournement des outils de production dans le cadre de grèves. Les phénomènes d’appropriation et de réappropriation manifestent des prises de position politiques très variées, qu’il s’agisse de résister au colonialisme ou à l’obsolescence programmée, ou à l’inverse de remettre au service de l’économie marchande des images et des objets pensés en dehors du système capitaliste.
Ce qui frappe, c’est l’agentivité de ces objets : leur capacité à changer le monde qui les entoure en mobilisant, en dénonçant et en provoquant, ou encore en affirmant des identités opprimées. Ce potentiel des objets politisés est parfois étonnant au regard de leur banalité première. Mais leur efficacité provient justement de cette irruption paradoxale de l’ordinaire dans des espaces dont il est souvent exclu – les élites gouvernantes peinent d’ailleurs souvent à y répondre. La présente sélection d’objets et les récits, enjeux et conflits qu’ils incarnent, entend démontrer leur plus grande puissance : celle de révéler le quotidien comme un champ dans lequel les forces politiques s’affrontent, convergent et se renouvellent sans cesse.
Soirée de Vernissage – Exposition Détournements
Mercredi 22 janvier 2025
Horaires : 18h00 – 21h00
Lieux : terrasse couverte et Charolais
Au Programme :
- 18h00 – 19h00
Mot d’introduction et accueil du public
Accueil avec une boisson chaude (vin chaud, chocolat, jus de pomme chaud) et visite de l’exposition.
Lieu : terrasse couvertre
- 19h00 – 20h00
Rencontre : “Poches, têtes de pipes, balais et aiguilles à tricoter. Faire parler les objets en histoire”
Cette table-ronde permettra d’explorer, autour de l’histoire de quelques objets, les méthodes des personnes qui pratiquent l’”histoire matérielle” et les découvertes que cette approche originale de l’histoire peut apporter.
Lieu : Charolais Club
- 20h00 – 21h00
Cocktail
Lieu : Charolais Club
Intervenant·e·s
-
Mathilde Larrère
Maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université Gustave-Eiffel.
Spécialiste des luttes politiques au XIXe siècle, elle est l’autrice de Guns and Roses, les objets des luttes féministes (2022).
-
Fanny Gallot
Historienne et maîtresse de conférences à l’Université Paris-Est Créteil.
Ses travaux portent sur le travail des femmes et le syndicalisme. Autrice de En découdre (2015) et Mobilisées ! Une histoire féministe des contestations populaires (2024).
-
Ariane Fennetaux
Professeure à Sorbonne Nouvelle Université, spécialiste de l’histoire de la culture matérielle, notamment celle du textile au XVIIIe siècle britannique. Elle est co-autrice de The Pocket: A Hidden History of Women’s Lives, 1660-1900 (2020).
-
Emmanuel Fureix
Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Est Créteil. Ses recherches portent sur l’histoire politique et culturelle du XIXe siècle. Directeur du projet de recherche ObjetsPol consacré aux objets politiques.
-
Modération par Hélène Valance
Maîtresse de conférences à l’Université de Franche-Comté et conseillère scientifique à l’INHA. Spécialiste des imageries populaires et du quotidien en France et en Amérique du Nord.
Remerciements
Institut national d’histoire de l’art
Éric de Chassey, directeur général
Hélène Szarzynski, directrice générale des services
Marion Boudon-Machuel, directrice du département des études et de la recherche
Juliette Trey, directrice adjointe du département des études et de la recherche
Laboratoire InVisu
Manuel Charpy, directeur
Bulle Tuil Leonetti, directrice adjointe
Ground Control
Denis Legat, président
Commissariat
Hélène Valance, maîtresse de conférences, Université de Franche-Comté, conseillère scientifique, laboratoire InVisu (CNRS) et Institut national d’histoire de l’art
Comité scientifique du séminaire “Politisation des objets du quotidien”, Institut national d’histoire de l’art, 2023-24
Laurent Dedryvère, laboratoire ICT, Université Paris-Cité
Emmanuel Fureix, laboratoire CRHEC, Université Paris-Est Créteil
Hélène Valance, laboratoire InVisu, CNRS et Institut National d’Histoire de l’Art
Production et coordination de l’exposition
Léa Gautier, directrice de production
Estelle Xerri, responsable de production
Programmation éditoriale
Théophile Delcros, responsable de programmation
Margot Therre, chargée de programmation
Hugues Robert, conseiller éditorial et responsable de la librairie Charybde
Scénographie et identité graphique de l’exposition
Manon Grandmontagne, scénographe
Nicolas Hoffmann, graphiste
Fanny Ehl, directrice artistique
Régie technique
Majid Chabab, régisseur général
Camille Perrotin, décorateur
Publication
Fantin Chassagne
Manuel Charpy
Communication
Pour le laboratoire InVisu
Sandra Doucet
Pour l’Institut national d’histoire de l’art
Marie-Laure Moreau, directrice de la communication
Anne-Gaëlle Plumejeau, chargée de communication et des relations presse
Pour Ground Control
Myriam Ziad, directrice de la communication
Odilon Corby, responsable de la communication
Cédrick Tual, chargé de communication