Rencontre avec Judith Duportail, créatrice d’« On peut plus rien dire »
Après deux premières éditions, le Printemps du Podcast, festival libre et curieux du podcast et de la créativité audio revient du 18 au 21 mai 2022 à Ground Control. Rencontre avec Judith Duportail, créatrice du podcast « On peut plus rien dire ». Toutes les semaines, elle reçoit 3 invité·es pour approfondir les questions du moment et surtout celles qui auront sûrement été oubliées… Le 20 mai, elle sera avec nous pour le talk « La 7ème fonction du langage, avoir un impact sur le monde par l’audio » avec Anas Daif, Romane Fuentes et Laura Eisenstein. Pour s’inscrire, c’est par ici.
Qu’est-ce que prendre sa place signifie
pour toi ?
Pour moi, prendre sa place, ça veut dire avoir une voix et la faire entendre. C’est dur d’être écouté·e ou du moins entendue quand on parle, que ce soit dans sa propre famille, avec ses amis ou dans le cadre professionnel. Avoir des choses à dire, exister dans le débat public ou dans une sphère plus intime, c’est cela prendre sa place.
Je découvre que c’est difficile, qu’on ne trouve jamais véritablement sa place et qu’il faut se battre en permanence pour la garder. Que c’est un peu « illusoire » de croire qu’un jour on va trouver sa place, se poser et qu’on sera arrivé·e. Tout ceci n’est qu’un cheminement et un combat permanent, un combat intéressant mais un combat.
Quel est le jour où tu t’es dis qu’il était temps de prendre sa place ?
Il n’y a pas vraiment un jour où je me suis dit « faut que je prenne ma place ». Je me suis toujours dit que j’avais des choses à dire et j’étais furieuse. Surtout quand j’étais plus jeune, j’étais très en colère. J’avais très envie d’exprimer cette colère et de gueuler sur plein de choses notamment sur les questions du féminisme ou du rapport au corps et à la beauté. Pour moi, parler fort, m’exprimer, c’est ça prendre ma place.
En quoi le podcast est-il un outil pour prendre sa place ?
C’est l’un des rares espaces de liberté dans les médias aujourd’hui. On peut porter un message alternatif. C’est aussi un outil qui, à la fois nous donne plus de liberté qu’à la radio plus « conventionnelle », et nous procure les avantages de l’audio : un rapport intime avec les auditeur·rices. En effet, la voix a quelque chose de très sensuel, auquel on ôte la superficialité de l’image. Notre perception est toujours altérée par ce que la sociologue Eva Illouz appelle le capitalisme muscopique, c’est-à-dire qu’on va regarder le physique, les vêtements, les accessoires et en déduire plein de choses sur la personne. Selon moi, la physiqualité nous éloigne de l’essentiel, tandis les podcasts ou les livres par exemple, nous ramènent bien plus à l’essentiel.
Le 20 mai, quelle sera ta place au Printemps du Podcast ?
J’ai la chance d’être invitée à la table-ronde « La 7ème fonction du langage, avoir un impact sur le monde par l’audio » pour échanger sur ces sujets. Je mesure que c’est un privilège d’être conviée pour pouvoir m’exprimer.
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